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coup de pioche
27 septembre 2007

Devoir des STG B (2)

Correction (suite)

 

 

 

 

 

III : Un humour grinçant

 

  1) Que pensez-vous de l'emploi du terme « héros » ligne 14 et 17 ?


  Pour bien commenter l'emploi du terme, il convient tout d'abord d'examiner son environnement immédiat. A la ligne14, l'expression complète est : « les besoins naturels de quelques héros ». À première vue, cette allusion semble déjà étrange : traditionnellement, le héros est un surhomme aux valeurs élevées, c'est un être supérieur et il n'est jamais fait allusion à ses « besoins naturels » car le héros est par définition éloigné de la nature. Mais, pour qui connaît la guerre et ses usages, les besoins naturels en question sont clairs et ils n'ont rien d'héroïques : les jeunes filles ont été violées avant d'être « éventrées », Malheur aux vaincus ! La phrase devient alors paradoxale et l'emploi du terme « héros » est antinomique, c'est « lâche et vil individu » qu'il fallait dire car le héros ne peut céder aux pulsions les plus bestiales de l'homme. Dès lors, la seconde occurrence du mot « héros » (l.18) doit s'interpréter de la même manière, l'auteur l'emploie visiblement à contresens : il reprend la terminologie classique du langage guerrier, où l'on parle de « héros », et la ridiculise en faisant allusion aux actions les plus basses des hommes vulgaires qui constituent une armée. Ce procédé qui consiste à laisser entendre sous un mot le contraire de ce qu'il veut habituellement dire est tout simplement l'ironie.

 2) « une harmonie telle qu'il n'y en eût jamais en enfer », « cette boucherie héroïque » : qu'y a-t-il de particulier dans ces figures de style ? quel effet provoque-t-elle chez le lecteur ?


  Après avoir rappelé ce qu'était un héros et donc l'héroïsme, il apparaît évident que la boucherie, pour noble que ce soit cet artisanat, ne peut en aucun cas être une activité héroïque, encore moins quand « boucherie » signifie en réalité « massacre des innocents ». Il y a donc dans ce groupe nominal une opposition fondamentale : c'est un oxymore.

  Quant à la première expression, elle rassemble elle aussi en son sein deux mots absolument opposés : l'harmonie est normalement une caractéristique du paradis, tandis que l'enfer est caractérisé par la cacophonie et les hurlements. Là aussi il y a antinomie, et les deux expressions étudiées sont complètement paradoxales.

Devant de tels paradoxes qui confinent à l'absurdité, le lecteur est normalement amené à sourire, voire à rire. Là aussi il a reconnu l' « harmonie » tant vantée des marches et musiques militaires, alors qu'en réalité, un champ de bataille n'est rien d'autre qu'un « enfer ». C'est encore le rire voltairien qui est à l'oeuvre ici.

 

 3) Les Te Deum sont des chants de grâce adressés à Dieu pour obtenir une faveur. Qu'y a-t-il de paradoxal dans la situation décrite ligne 9 ? Quelle réaction et quelles réflexions l'auteur veut-il ici faire naître chez le lecteur ?

Là aussi un minimum de culture est nécessaire pour comprendre la phrase, mais enfin, cela est parfaitement la portée d'un élève de première. Vous avez tous déjà entendu des expressions comme « nous vaincrons avec l'aide de Dieu », qu'il s'agisse des combats du haut Moyen Âge ou des guerres modernes menées aujourd'hui, les belligérants semblent toujours persuadés que Dieu sera de leur côté. Ici, il faut imaginer les deux armées célébrant la même messe, implorant le même Dieu, communiant la même hostie « chacun dans son camp », avant d'aller s'entre-tuer avec la même bénédiction. On peut premièrement en rire. Mais très vite on s'interroge : Quel est ce Dieu ? Quelle est cette religion ? Qui sont ces prêtres hypocrites et opportunistes ? Manifestement, c'est l'Église et sa participation aux manoeuvres politiques les plus basses qui est ici visée.

 

IV : Identifiez le registre présent dans ce texte. Justifiez vous.

Cette question est un véritable bonus. Nous avons déjà parlé de l'ironie de Voltaire, vous pouviez donc sans difficulté justifier de la présence du registre ironique. Les nombreuses et violentes critiques présentes dans le texte justifient l'emploi du terme satirique voire polémique. Et si certains d'entre vous ont été sensibles à l'horreur décrite pourquoi ne pas parler de registre pathétique ? si au contraire ce texte vous a fait rire, vous pouviez évoquer le registre comique. L'essentiel était de justifier clairement vos choix.

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