Devoir des STG B (2)
Correction (suite)
III : Un humour grinçant
Pour
bien commenter l'emploi du terme, il convient tout d'abord d'examiner son
environnement immédiat. A la ligne14, l'expression complète est : « les
besoins naturels de quelques héros ». À première vue, cette allusion
semble déjà étrange : traditionnellement, le héros est un surhomme aux valeurs
élevées, c'est un être supérieur et il n'est jamais fait allusion à ses «
besoins naturels » car le héros est par définition éloigné de la nature. Mais,
pour qui connaît la guerre et ses usages, les besoins naturels en question sont
clairs et ils n'ont rien d'héroïques : les jeunes filles ont été violées avant
d'être « éventrées », Malheur aux vaincus ! La phrase devient alors paradoxale
et l'emploi du terme « héros » est antinomique, c'est « lâche et vil individu »
qu'il fallait dire car le héros ne peut céder aux pulsions les plus bestiales de
l'homme. Dès lors, la seconde occurrence du mot « héros » (l.18) doit
s'interpréter de la même manière, l'auteur l'emploie visiblement à contresens :
il reprend la terminologie classique du langage guerrier, où l'on parle de « héros »,
et la ridiculise en faisant allusion aux actions les plus basses des hommes
vulgaires qui constituent une armée. Ce procédé qui consiste à laisser entendre
sous un mot le contraire de ce qu'il veut habituellement dire est tout
simplement l'ironie.
2) « une harmonie telle qu'il n'y en
eût jamais en enfer », « cette boucherie héroïque » : qu'y a-t-il de
particulier dans ces figures de style ? quel effet provoque-t-elle chez le
lecteur ?
Après
avoir rappelé ce qu'était un héros et donc l'héroïsme, il apparaît évident que
la boucherie, pour noble que ce soit cet artisanat, ne peut en aucun cas être
une activité héroïque, encore moins quand « boucherie » signifie en réalité «
massacre des innocents ». Il y a donc dans ce groupe nominal une opposition
fondamentale : c'est un oxymore.
Quant
à la première expression, elle rassemble elle aussi en son sein deux mots absolument
opposés : l'harmonie est normalement une caractéristique du paradis, tandis que
l'enfer est caractérisé par la cacophonie et les hurlements. Là aussi il y a
antinomie, et les deux expressions étudiées sont complètement paradoxales.
Devant de tels paradoxes
qui confinent à l'absurdité, le lecteur est normalement amené à sourire, voire
à rire. Là aussi il a reconnu l' « harmonie » tant vantée des
marches et musiques militaires, alors qu'en réalité, un champ de bataille n'est
rien d'autre qu'un « enfer ». C'est encore le rire voltairien qui est
à l'oeuvre ici.
3) Les Te Deum sont des chants de grâce adressés à Dieu pour obtenir une
faveur. Qu'y a-t-il de paradoxal dans la situation décrite ligne 9 ? Quelle
réaction et quelles réflexions l'auteur veut-il ici faire naître chez le
lecteur ?
Là aussi un minimum de
culture est nécessaire pour comprendre la phrase, mais enfin, cela est
parfaitement la portée d'un élève de première. Vous avez tous déjà entendu des
expressions comme « nous vaincrons avec l'aide de Dieu », qu'il s'agisse des
combats du haut Moyen Âge ou des guerres modernes menées aujourd'hui, les
belligérants semblent toujours persuadés que Dieu sera de leur côté. Ici, il
faut imaginer les deux armées célébrant la même messe, implorant le même Dieu,
communiant la même hostie « chacun dans son camp », avant d'aller
s'entre-tuer avec la même bénédiction. On peut premièrement en rire. Mais très
vite on s'interroge : Quel est ce Dieu ? Quelle est cette religion ? Qui
sont ces prêtres hypocrites et opportunistes ? Manifestement, c'est l'Église et
sa participation aux manoeuvres politiques les plus basses qui est ici visée.
IV : Identifiez le registre présent dans ce texte.
Justifiez vous.
Cette question est un
véritable bonus. Nous avons déjà parlé de l'ironie de Voltaire, vous pouviez
donc sans difficulté justifier de la présence du registre ironique. Les
nombreuses et violentes critiques
présentes dans le texte justifient l'emploi du terme satirique voire polémique.
Et si certains d'entre vous ont été sensibles à l'horreur décrite pourquoi ne
pas parler de registre pathétique ? si au contraire ce texte vous a fait
rire, vous pouviez évoquer le registre comique. L'essentiel était de justifier
clairement vos choix.